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Vlan #16 – Réinventer sa vie à l’heure de l’hyper connexion


Thibaut de Saint Maurice est professeur de philosophie et a également une rubrique sur France Inter. Le sujet du jour : la déconnexion et la sur-connexion ou comment réinventer sa vie à l’heure de l’hyper connexion. Sujet hautement d’actualité puisque le fondateur du « like » chez Facebook a récemment annoncé que lui-même avait peur de ce qu’il avait créé, tant au niveau personnel que méta (politique en l’occurrence). Il a d’ailleurs décidé de supprimer toutes ses applis afin de reprendre le pouvoir.


Il existe même une app qui vous donne des points quand vous restez loin de votre téléphone et donc concentré. Thibaut est venu vers moi sur LinkedIn suite à la diffusion du 1er épisode et cela tombe à pic car je suis convaincu que quand l’humanité est en période d’importantes turbulences, il est essentiel de se retourner vers les sciences humaines. Vous devriez donc bientôt revoir sur Vlan de la philosophie, de la sociologie ou autre ! Bien sûr, ce n’est pas directement lié au marketing comme peuvent l’être d’autres sujets comme l’Intelligence Artificielle ou l’engagement sur les réseaux sociaux, néanmoins, être marketers, c’est vivre son époque. Vivre son époque implique nécessairement de la comprendre, de prendre un pas de recul dessus. Thibaut est l’une des premières personnes que j’ai interrogées et je suis ravi de diffuser aujourd’hui cette conversation.

Que celui qui ne s’est jamais posé la question de la sur-connexion me jette la première pierre

C’est un sujet qui me passionne : pourquoi choisissons-nous volontairement tous les jours, toutes les minutes, de nous connecter à ces engins de fou que sont les smartphones ? Pourquoi cette dépendance excessive aux interactions ? Comment sortir de ce cercle vicieux au point de vue personnel et sociétal ? Qu’est-ce que cela dit de notre génération mais de l’humain en général ?

Voilà le genre de questions que je me pose de manière récurrente sur l’hyper connexion et c’est ce que nous abordons aujourd’hui avec Thibaut. Evidemment, la connexion a beaucoup d’avantages mais il y a aussi cette hyper connexion qui est une servitude volontaire. Ce concept est assez ancien puisqu’Etienne de la Boétie écrivait déjà au XVIème siècle un discours sur le sujet. Sommes-nous vraiment libres si nous acceptons une tyrannie politique ? De la même manière, un peu plus tard, Tocqueville parle de la tyrannie douce de la majorité. Mais ce qui est ressenti, c’est le sentiment personnel d’être face à des machines devant lesquelles on n’arrive pas à résister.

Et les chiffres ne trompent pas : Selon le cabinet Deloitte, en moyenne en France nous nous ouvrons notre téléphone 26 fois par jour (50 fois pour les 18-24 ans). Les notifications génèrent de la dopamine (du plaisir) mais vous éloignent du bonheur. Si vous parlez bien anglais, vous adorerez cette vidéo qui différencie plaisir et bonheur d’ailleurs.

Comment reconstruire une responsabilité à l’égard de sa propre attention ?

La hiérarchie a souvent été gérée à l’extérieur de soi, que ce soit par les médias, les amis ou la famille. Désormais, via mon smartphone, tout arrive au même niveau. Le souci n’est pas nécessairement le téléphone mais la hiérarchie de l’information : mon relevé de banque arrive au même niveau que les informations ou un « like » sur une photo. Grace à notre conscience, on peut décider ce à quoi on prête attention et c’est donc un espace à redécouvrir. Cela permet de voir comment remettre à leur place ces technologies. C’est donc une chance finalement d’avoir à inventer la vie avec ces machines désormais. Car l’Homme est libre de faire ce qu’il souhaite et c’est ce qui le différencie  en partie de l’animal. La liberté n’est pas tant de faire ce que l’on veut mais d’assumer ses responsabilités dans un champ des possibles. Cette maîtrise fera la différence entre les individus demain selon Thibaut.


Un impératif : se recomposer comme des « sujets numériques »


On a d’abord créé des sujets politiques puis des sujets métaphysiques et aujourd’hui nous sommes dans la naissance d’un sujet numérique. La particularité étant que cela ne dépend plus que de moi mais aussi des relations et que mon identité ne m’appartient pas complètement mais appartient aussi aux autres. Se couper de cette vie numérique, c’est aussi se couper de soi-même d’une certaine manière. Il devient nécessaire de créer un art de vivre avec les outils numériques. Il n’existe pas d’usages collectivement acceptés autour de l’usage de son téléphone, par exemple comme cela existe pour les repas à table. Il faut donc civiliser nos usages de cette vie connectée en organisant une réflexion collective. L’enjeu est moral et esthétique, politique et culturel, et donc essentiel !

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