Vlan #56 Ethique et intelligence artificielle sont-elles compatibles?

Aurélie Jean est une scientifique numéricienne, fondatrice de In Silico Veritas et est très connue pour ses compétences et prises de position autour des sujets de l’intelligence artificielle entre autres. J’avais déjà reçu Aurélie au tout début de ce podcast d’ailleurs sur un sujet plus généraliste autour de l’IA. Et c’est justement pour cela que j’ai demandé à Aurélie de revenir nous parler d’un sujet qui me semble essentiel au 21 siècle à savoir: l’éthique.
L’éthique et l’intelligence artificielle sont-elles compatibles et si oui comment?

En Europe et à fortiori en France nous avons une posture forte par rapport à l’éthique et il est donc nécessaire de se pencher sur ce sujet stratégique. Oui Intelligence artificielle et éthique peuvent fonctionner de concert assène Aurélie. Si on reprend les 3 modèles dans le monde autour de l’IA et de l’éthique, on a d’un coté et très schématiquement les U.S. qui considèrent la données comme un élément commercial (même si Aurélie rappelle que tout n’est pas si libéral au pays de l’oncle Sam), la Chine qui considère la donnée comme un élément du pouvoir afin de définir les « bons citoyens » et l’Europe dans laquelle, avec le RGPD dernièrement, on essaie de protéger la donnée. Quoiqu’il en soit, elle est convaincue que l’éthique et l’ intelligence artificielle ne s’opposent pas du tout. En réalité, l’éthique ne se définie jamais en « bien » ou « mal » mais plutôt en point de vue évidemment. Simplement en fonction des valeurs, l’éthique et la morale peuvent évoluer d’un pays à l’autre.
Selon Aurélie, le RGPD est d’ailleurs un grand pas dans ce sens et explique comment les GAFA sont obligés de le respecter au moins pour l’Europe. Il sera pertinent de regarder comment cette première version impacte les usages afin de faire évoluer la loi en fonction. Ce qui est certain c’est qu’il faut éduquer car pour la première fois nos dirigeants ne comprennent pas la révolution en court même s’ils essaient de s’y intéresser.
Comment les biais cognitifs influencent l’éthique de l’intelligence artificielle?

Peut on être compétitif et éthique?

C’est intéressant de constater que même quand les limites de l’éthique sont élargies cela ne résout pas nécessairement tout. Aurélie prend à ce titre l’exemple du clonage humain qui même s’il est potentiellement accepté en Chine, n’a toujours pas eu lieu. Mais le plus important est que l’éthique est une arme des consommateurs. Les consommateurs sont le talon d’Achille de l’intelligence artificielle et demain Aurélie envisage que les consommateurs vont demander à utiliser des produits et des services avec un label éthique qui respectera leur vie privée et leur données. Peut-être même que les consommateurs seront prêts à payer un peu plus cher pour que leurs données ne soit utilisées que pour une amélioration des services et pas à des fins commerciales. Quand Youtube propose pour de payer pour accéder à un espace sans publicité ce n’est pas la même promesse. On vous facilite l’usage c’est vrai mais votre donnée est malgré tout capturé. Idem pour Netflix ou Spotify. Pour Aurélie, l’Europe a donc une carte concurrentielle à jouer en prenant cette posture éthique, de services tout aussi efficaces mais respectueux. Voire l’Europe pourrait devenir une terre d’accueil des personnes qui veulent protéger leurs données.