Gregory Pouy
7 janv. 20135 Min
J'ai eu l'occasion d'interviewer David Creuzot et Lucie Beudet, les fondateurs de Konbini sur leur recette miracle pour générer du contenu autant implicant.
1.
Comment est née l'idée de Konbini?
Tout au départ, nous avons été inspiré par le modèle de la marque ACNE en
suède. En fait nous trouvions que l’idée de décloisonner les métiers était
super intéressante. Leur principe d’être à la fois une agence, une boîte de
prod, un magazine et une marque de fringue ça faisait rêver. Ils avaient
réussi à créer une marque hyper cool en étant plus créatifs que les autres et
en faisant plein de trucs différents.
L’idée de ne pas être encarté comme publicitaire ou geek de service nous
plaisait bien. En fait nous aimons la création au sens large et finalement
quand on a des idées pourquoi ne pas trouver un playground beaucoup plus vaste
pour s’éclater et donner le meilleur de soi. C’est l’idée qui est à l’origine
de la création de Konbini.
Nous sommes donc très vite devenus à la fois une boîte de production, un
média, une agence et une communauté. Avec du recul, c’était exactement ce qu’il
fallait faire pour attirer les nouveaux talents et toucher vraiment une super
audience. Je ne vois pas comment c’est possible de faire autrement en 2012.
2. Pouvez-vous présenter Konbini en quelques
mots ainsi que son business model?
En Septembre 2008, nous avons lançé notre site avec des contenus vidéo
originaux et exclusifs et une "user experience" innovante et cool.
Le concept a pris très vite et le développement de notre marque a commencé
très fort. Plus de 500 heures de programmes originaux ont été produites par nos
équipes en 18 mois. Toute la planète musicale et fashion est passée sur Konbini
faire un petit big up. Bref, je crois que nous avons produit des grands moments
du web.
Très vite, des investisseurs et des fonds sont entrés au capital et une
trentaine de grandes marques dont Orange, Kraft Foods, Nike, Levi’s, Citroën sont
venus sponsoriser ou co-produire des contenus avec nous.
En Septembre 2011, Facebook et Twitter nous ont offert l’opportunité de
vraiment devenir un stream dans lequel nous pouvions partager nos contenus
exclusifs et nos news originales. Cette opportunité nous a permis de devenir la
marque de la pop culture.
Concernant notre business model, Konbini conçoit et médiatise des contenus
originaux. Nous sommes des spécialistes du content marketing. En terme de
business model nous proposons des prestations de services pour aider les
annonceurs à concevoir et médiatiser des contenus.
Depuis Avril nous faisons aussi de la stratégie de positionnement, du
branding, de la publicité TV tout en intégrant une forte dimension réseaux
sociaux. C’est konbini for brands.
Dernièrement nous avons lancé la marque sans engagement SOSH pour Orange
dont vous pouvez voir le spot en ce moment à la tv . Nous avons aussi imaginé La
Radio Libre par Suchard qui s’enregistre tous les jours dans nos locaux (http://radiolibresuchard.fr).
Nous sommes aussi sur des problématiques internationales comme c’est le cas
depuis Septembre pour la marque Swarovski.
3.
Vous arrivez à créer un contenu vraiment qualitatif et engageant, quelle
est la recette?
La recette c’est l’authenticité. Nous ne sommes plus dans l’époque de la
mise en scène et du «bling». Il faut
être vrai. Nous avons d’ailleurs un concept qui cartonne c’est l'auto-interview.
Le principe est simple nous envoyons des questions à des invités et ils s’auto
posent les questions.
Je te cite à titre d’exemple la remarque d’un artiste anglais « “Je fais ma
propre interview, je dois me filmer et me poser moi-même les questions, c’est
une nouvelle forme de journalisme…”.
Je sais que les journalistes de la presse traditionnelles sont ulcérés mais
c’est ce type de spontanéité que nous recherchons.
A l’occasion de la sortie de son nouvel album Booba, le rappeur français
nous a donné une leçon de rap. Je pense que nous avons fait l’interview la plus
sympa de Booba
sympa de Booba car c’était simple sans chi chi et il était vrai. Les fans ont
adoré, Booba a posté plusieurs fois la vidéo auprès de sa communauté de 2 millions
de fans et nous avons cartonnés alors que chaque vidéo faisait plus de 10 min.
Dans un autre style, l’émission 5 minutes après le film avec Benjamin
Parent cartonne car comme il donne ses impressions juste après le film à chaud
il ne prépare pas et c’est très spontané. C’est ce que nous cherchons. Benjamin
est le pote de notre communauté.
J’ai beaucoup d’autres exemples mais je te laisse checker Konbini.
4.
Pour faire ce contenu vous faites appel à de nombreuses personnes pas
nécessairement connues, comment les découvrez vous?
Nous avons une cellule dédiée au sourcing. Tous les jours ils scrutent les
nouveautés et ils découvrent les jeunes talents. Ensuite nous avons une
stratégie d’approche bien huilée que ce soit pour les new comers comme pour les
artistes mainstream. Nous réussissons car très souvent les artistes nous
connaissent.
On nous propose aussi de plus en plus de choses mais ce n’est pas traité
par les mêmes personnes.
Nous sommes au cœur d’un écosystème de créatifs internationaux et cela
profite aussi au contenu de marque puisque nous proposons souvent des talents
et des musiques bien avant les autres.
5.
Quel rôle joue le web social dans votre modèle?
Les réseaux sociaux nous offrent de nouvelles opportunités tous les jours.
Ce sont les headlines de notre contenu édito. Ils nous apportent le lien
permanent avec notre audience et ils nous permettent de vraiment la démultiplier.
C’est aussi le baromètre de notre popularité.
Pour nos clients, c’est le point de départ de nos histoires de contenus.
Nous sommes des spécialistes des sponsored stories et nous engageons les
consommateurs via les solutions publicitaires sociales. Ce sont aussi de très
bons outils de mesure de l’efficacité de nos opérations. Chaque mois nous avons
de nouvelles opportunités pour augmenter notre impact et l’engagement des
communautés de nos clients.
6.
Quels conseils donnerez vous à des marques qui souhaitent développer du
contenu ? format, qualité…
En fait il faut vraiment se concentrer sur la qualité des ingrédients. Pour
la vidéo par exemple : le réalisateur, les acteurs et la musique.
Le produit doit devenir super cool et avoir un rôle. C’est souvent à ce
niveau que les choses dérapent. Le produit doit avoir une place et pas être un
élément rapporté maladroitement.
Il faut vraiment imaginer dès le début que nous allons devoir intéresser
les intermédiaires car c’est eux qui vont vraiment recommander le contenu à une
large audience.
7.
Si je dis que Konbini se concentre sur la France un peu trendy, est-ce une
erreur?
En fait comme tous les trucs nouveaux nous attirons les early adopters et
bien sûr les gens de la musique et de la mode. Mais, nous sommes en train de
devenir un site mainstream dans le bon sens du terme. D’ailleurs même Elle
magazine nous présente comme un site pour découvrir l’info autrement et invite
vivement ses lectrices à suivre notre compte Twitter. C’est évident que nous
touchons de plus en plus de gens qui souhaitent écouter des nouveautés et
découvrir des news moins formatées que dans la plupart des autres sites.
8. Comment envisagez vous le développement
de votre marque?
Ce sont les artistes qui passent sur Konbini qui font Konbini , donc l’idée
c’est d’aller encore plus loin, d’avoir les meilleurs mondiaux. Faire de
Konbini un passage obligé.
Aujourd’hui une marque est jugée sur ce qu’elle fait, nous avons pleins
d’idées et de projets IRL qui sont déjà planifiés sur le premier semestre 2013.
Pour Konbini for brands nous avons déjà plusieurs films en production pour
le premier semestre et nous allons développer en 2013 notre bureau à Londres.
Nous n’excluons pas de lancer Konbini dans d’autres pays que le UK.