Marion Moreau est la fondatrice de la fondation Sigfox et elle essaie de sauver des vies (animales et humaines) à travers l’internet des objets. L’internet des objets, c’est cette capacité que l’on a désormais de positionner des capteurs sur tout objet et de le connecter à un réseau basse fréquence (radio). Dit comme cela, j’imagine que ça ne vous inspire pas mais vous allez voir que l’on peut sauver des vies et peut être la votre, grace à ces petits capteurs très bon marché. Afin de ne pas créer de déception, avec Marion on ne rentre pas sur les problématiques éthiques de l’internet des objets (qui pourrait faire l’objet d’un autre épisode) mais uniquement sur la manière de les utiliser pour sauver des vies.
L’internet des objets pour protéger les espèces en voie de disparition
Mettons nous d’accord d’emblée, la technologie est agnostique. La manière de l’utiliser est ce qui détermine si cela va dans le bon sens ou pas. Marion en rentrant chez Sigfox, société française experte des objets connectés et des réseaux associés, a décidé de l’utiliser dans le bon sens. La manière dont ils utilisent aujourd’hui cette technologie fait beaucoup de sens. En résumé, l’internet des objets permet de faire parler les objets autour de nous en y mettant des capteurs pouvant ressentir: vibrations, mouvements, températures… Ces changements peuvent être causés par de la pollution, du vent, une secousse sismique, des mouvements de véhicules, d’animaux ou d’humain bien sur…bref le domaine des possibles est large.
Pour ce qui concerne les animaux en voie de disparition, la fondation Sigfox a décidé de débuter par la protection des rhinocéros. Aujourd’hui dans le monde, il n’existe plus que 27 000 rhinocéros et Marion de rappeler qu’il est très probable que nos petits enfants ne puissent jamais en voir car l’espèce aura été éteinte. Evidemment, cela concerne également d’autres espèces mais même si cela fait les gros titres, peu de choses se passent pour enrayer le phénomène. En l’état, la fondation Sigfox a créé et mis en place un réseau sur l’intégralité d’une réserve mais également un capteur de la taille d’un pouce qui est intégré dans la corne de 40 Rhinoceros afin de les localiser en permanence, de savoir quand ils se mettent en danger (en s’approchant des barrières par exemple) ou encore de savoir s’ils ont des comportements anormaux. Ce qui est assez incroyable, c’est la faiblesse du coût des capteurs ($20 pour 3 ans de durée de vie), même si les opérations elles coutent un peu plus cher évidemment car il faut aller poser 2 ou 3 antennes et aller chercher chacun des animaux que l’on souhaite protéger, l’endormir et lui intégrer le capteur. Demain, une fois que les réseaux de la société seront globalisés et dans le cas d’un malheureux braconnage, il sera d’ailleurs aussi possible de suivre les cornes dans d’autres pays et d’arrêter les responsables dans les aéroports ou d’autres pays. Ils ont également intégré des mini capteurs sur les barrières qui entourent la réserve ce qui permet de savoir quand ces dernières vibrent légèrement et que quelqu’un essaie de passer à travers. Cela permet de prévenir les incidents et idem, en mettant des capteurs sur les rangers, il est beaucoup plus facile d’assurer la sécurité de ceux qui protègent les réserves. Mais les Rhinocéros n’étaient qu’une première étape car désormais que la technologie est développée, ils envisagent de l’intégrer pour préserver d’autres espèces bien sur avec d’autres cas d’usage.
L’internet des objets pour protéger des vies humaines
Le pont peut sembler compliqué entre l’internet des objets et les vies humaines mais pourtant… Un des collaborateurs de Marion, Mexicain d’origine, lui a fait réaliser que dans son pays, la technologie pour prévenir les tremblements de terre n’était pas assez développée car trop couteuse. Pourtant, quand il s’agit de séismes, quelques secondes peuvent sauver de nombreuses vies. Pour mémoire, il y a eu encore 400 morts au Mexique l’an passé en raison d’un tremblement de terre. L’internet des objets va permettre dans ce cas précis de densifier le réseau de capteurs pour un prix extrêmement bas et donc de gagner quelques secondes voire minutes. Idem pour les tsunamis mais puisqu’il est impossible de mettre des capteurs sur la mer (quoique), ils ont envisagé le problème différemment. En regardant la nature, ils ont réalisé que les premiers animaux à modifier leurs comportements en raison d’un tsunami étaient les oiseaux. Par conséquent, ils ont placé des capteurs sur ces derniers ce qui permet d’analyser tout comportement inhabituel. Ainsi, l’homme pourra être prévenu en même temps que l’instinct de ces oiseaux. Quelque part, cela se rapproche un peu de l’épisode enregistré avec Idriss Aberkane concernant le biomimétisme. Bien sur, ici il ne s’agit pas de copier la nature mais d’en tirer parti simplement.
Le domaine des possibles est évidemment très large et je trouve admirable qu’une société puisse s’engager autant dans des causes, d’autant plus quand on sait que Sigfox reste une relative petite société française et que son fondateur est extrêmement engagé dans de nombreuses causes. Nous sommes donc vraiment loin du « washing ».
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