Alexandre Mars est un entrepreneur devenu philanthrope mais surtout essayant de disrupter le don. En lançant Epic qu’il finance intégralement sur ses fonds propres, il assure aux donneurs que les fonds récoltés ne seront pas utilisés pour du marketing ou des cocktails. Mais plus que cela, Epic, c’est aussi une curation des meilleures associations et donc la certitude que votre argent sera vraiment utilisé de manière efficace. Avec Alexandre, nous abordons la problématique du don en France et dans le monde, nous envisageons les différentes manières de donner aussi, dont certaines devraient vous surprendre.
Je me pose toujours beaucoup la question dans cette évolution sociétale, comment nous allons mieux vivre ensemble après des décennies d’individualisme forcené. Peut être que vous aussi. Allez c’est parti pour 25 minutes avec Alexandre!
Le don: qui, quoi et comment?
Dire que le don est essentiel implique sans doute que l’état ne reverse pas bien les impôts qui lui sont versés mais aussi que les entreprises ne payent pas suffisamment leurs impôts. Si nous n’abordons que peu avec Alexandre la problématique politique, nous discutons par contre des choix des entreprises. En réalité et si on y regarde bien, c’est aussi la responsabilité de chacun. D’abord, dans la manière que l’on a de dépenser son argent mais aussi de choisir son employeur et pourquoi pas de faire pression sur lui. Comme le souligne Alexandre, on ne peut pas en même temps critiquer les entreprises qui ne payent pas leurs impôts en France et acheter sur Amazon parce que c’est plus pratique. Il faut avoir de la suite dans les idées et c’est la seule manière de vraiment faire bouger les choses au final. Comme on le souligne dans ce podcast, le plus étrange c’est que les entreprises qui sont actives dans le don n’en parlent pas pour ne pas être taxée de « social washing ». Cela implique qu’il est plus simple de ne rien faire puisque finalement personne ne célèbre vraiment cette culture du don. En résumé, « si je donne, personne ne le saura » mais par conséquent, « si je ne donne pas », personne ne le saura non plus.
Pendant de longues années, on a célébré les personnes qui étaient assez malines pour trouver des trous dans la raquette fiscale et ne pas payer leurs impôts ou les réduire drastiquement. Cela est un peu à l’image de Trump qui s’est enorgueillit de ne pas avoir payé d’impôts à la hauteur de ses revenus par exemple. « J’ai été malin et ca veut dire que l’état n’a pas bien fait son travail ». Toutefois, selon Alexandre, cette ère est révolue. Désormais il y a une nouvelle prise de conscience générale de vouloir que les entreprises participent au bien social. Evidemment, comme souligné plus haut, cela débute par payer ses impôts sans rechercher à les diminuer à tout prix mais cela peut aller plus loin. Alexandre prend l’exemple de l’arrondi sur le salaire, procédé par lequel les salariés d’une entreprise peuvent décider de verser le montant après la virgule de leur salaire et que cela soit abondé par l’entreprise à la même hauteur ou plus. Ce qui est intéressant dans ce procédé, c’est qu’il est (pour beaucoup) peu douloureux et efficace d’autant plus que les tous les salariés ont un droit de vote démocratique pour définir à quoi cet argent va être utilisé. On peut même être créatif dans ce procédé puisque par exemple, en France, la ligue de football a décidé de verser de l’argent à Epic à chaque fois qu’un but est marqué en ligue 1 ou 2. L’exemple aussi de Grand Corps Malade qui reverse 1% de tous ses bénéfices à Epic.
Les entreprises et le don
Comme souligné lors de notre conversation, on peut faire en sorte que les entreprises participent d’une manière ou d’une autre à une meilleure justice sociale. Par exemple en ecommerce, on peut envisager de proposer aux consommateurs de payer à l’euro supérieur et de reverser cette somme en l’abondant, une start-up lorsqu’elle lève des fonds peut décider de reverser une partie de la revente (en cas de succès) à des dons. Ou pourquoi pas comme Dior de créer un sac pour lequel la grande partie des bénéfices va à Epic. Finalement ce sont chacun de ces petits efforts qui font toute la différence à la fin. Même aux U.S. quand un patron comme celui d’Uber abuse trop de sa position dominante, on se rend compte que cela permet de laisser de la place à des entreprises plus socialement responsables comme Lyft (un autre acteur du VTC aux U.S.). Comme l’explique Alexandre, leur levée de fonds a été facilité parce que leur culture était plus en adéquation avec les valeurs des V.C. mais aussi et surtout avec les valeurs des clients qui ont (en partie) délaissé Uber. Il faut absolument que les consommateurs alignent leurs valeurs avec leurs choix de consommation mais aussi leur choix en terme d’emploi lorsqu’ils en ont les moyens. Evidemment ce n’est pas possible pour tout le monde et il y a certaines habitudes qui sont difficiles à faire bouger également: arrêter d’utiliser Google, Amazon, Facebook ou Apple n’est pas la décision la plus simple car même si des alternatives existent, elles sont rarement aussi performantes. Pour Alexandre, 85% des jeunes des grandes écoles veulent travailler dans une entreprise qui a un impact social et c’est, selon lui, de cette manière que le changement va venir. Pour avoir les meilleurs talents, il faudra aussi avoir une posture forte d’entreprise qui ne soit pas tournée uniquement que vers les profits.
Beaucoup d’évolution à venir mais le monde change, on voit autant de belles initiaves apparaitre comme celles autour du dons, qu’un renfermement sur soi avec la montée de l’extremisme un peu partout. Soyons positifs pour aujourd’hui et imaginons que c’est le don et l’entraide qui gagneront demain.
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